samedi 19 mai 2012

Décès de José Papiol • Dernier graphiste politique cubain


















Peu de temps après avoir appris avec tristesse la disparition d'une de mes héroïnes d'adolescence, Donna Summer, j'appris avec grande émotion la nouvelle disparition d'une des figures de l'ancienne génération de graphistes cubains, José Papiol (le lien est assez surprenant, je l'accorde). Cuba change, Cuba évolue et peu à peu les acteurs de la Révolution de 1959 disparaissent emportant leurs mémoires avec eux. Les graphistes de l'ancienne génération étant restés sur l'île se comptent aujourd'hui sur les doigts d'une main. Papiol, comme on le surnommait en faisait parti.

Né en 1933, José Papiol suit ses études à l'école des Beaux Arts de la Havane "San Alejandro" où il est diplômé à 21 ans. En 1955, il commence à travailler dans une grande imprimerie, exerçant parallèlement en free-lance plusieurs travaux pour diverses agences de publicité. A l'arrivée de la Révolution et du temps des nationalisations, Papiol devient alors graphiste dans une grande imprimerie où il réalise de nombreuses couvertures de livres. C'est à partir de 1964 qu'il travaille pour la "Editora Politica", institution dédiée à la publication d'ouvrages politiques et à la confection de propagande urbaine. Il y exerce son savoir faire jusqu'au mois dernier à l'âge de 79 ans. Chef du département graphique et reconnu dans le milieu politique pour son travail de communication, il dirigeait une équipe de 8 graphistes et webmasters.




Valla du 1er mai, 6 X 2,50 mètres tout en sérigraphie!
Le logotype de Papiol est utilisé depuis plusieurs années par la Editora Politica.
Suite à mes demandes, Papiol avait réussi à m'offrir un exemplaire de cette affiche,
aujourd'hui pliée et rangée en plusieurs parties sous mon lit.



J'ai rencontré Papiol à nombreuses occasions dans ses bureaux. Il me recevait et aimait parler de son expérience. Papiol était une institution, celle du graphisme politique et de la "valla", grandes affiches de six mètres de long minimum au format vertical placées sur les anciens supports publicitaires nord-américains. J'ai longtemps cherché à comprendre la barrière que représentait le graphisme politique pour la jeune génération. Une certaine bureaucratie s'était installée depuis plusieurs années au sein de la "Editora Politica". Les jeunes appliquaient sans trop créer pour des événements politiques auxquels ils ne prêtaient peu d'attentions. Papiol me confiait qu'il devenait dur de créer de nouvelles images sur des thèmes revenant chaque année: mort/naissance de José Marti, Triomphe de la Révolution, mort de Camilo Cienfuegos, attaque de Playa Giron, 26 juillet, 1er mai…

Le considérant bien plus pour ses qualités humaines que graphiques, sa mort m'affecte. Je suis heureux d'avoir pu enregistré une interview de lui il y a tout juste un an. Ce film sera bientôt monté et je l'espère présenté lors du prochain Festival du Graphisme d'Echirolles.

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